Les origines
Comme dans bien des villages de la région, on trouve à Nanton quelques témoignages de la préhistoire. Mais c'est à partir de la période « gallo-romaine » que de nombreuses traces archéologiques d'habitations en bordure de la vallée du Grison et au pied des collines révèlent une forte occupation humaine sur son territoire.
Nanton doit son nom aux rives sur lesquelles il s'est développé, celles du Grison. Il vient du mot gaulois [NANT], généralement compris comme « vallée » ou « rivière » : avant de signifier le cours d'eau lui-même, « rivière » désignait ses « rives » habitables et cultivables.
Du Moyen-âge à la Révolution.
Des inhumations du haut moyen-âge attestent que cette occupation a été constante.
La plus ancienne mention de la « villa Nanto » date de 875 et concerne... une vigne ! On trouve ensuite dans le cartulaire de l'abbaye de Cluny la donation, en 934, d'un domaine agricole et des serfs qui l'exploitaient.
À partir du XIIe siècle, la famille seigneuriale de Nanton est très souvent citée dans le proche entourage des puissants seigneurs de Brancion, dont elle était vassale. Quand par exemple Jocerand de Brancion partira en croisade avec Saint-Louis, en 1248, il emmènera avec lui son fils et celui de Jocerand de Nanton.
Le château médiéval, qui se situait à La Guiche à l'emplacement de l'actuel cimetière, de l'église et de l'ancienne cure, constituait la défense nord du domaine de Brancion. Plusieurs réunions de cours de justice s'y sont tenues, en présence des plus hautes autorités locales (en 1162 : l'évêque de Chalon, l'abbé de La Ferté, les représentants des grandes familles féodales...) ; les serments étaient alors « jurés sur l'autel de Saint-Laurent ». On voit aussi le château mentionné dans le règlement d'un conflit avec les bourgeois de Cluny, victimes des méfaits commis vers 1200 « par les fils de la Dame de Brancion »et leurs hommes de main« descendus du château de Brancion, du château de Nanton et du village de Sassangy ». Le duc Hughes IV de Bourgogne ayant acheté tous les biens des Brancion en 1259, Nanton est alors totalement intégré au domaine ducal.
Au tout début du XIVe siècle, Jean « dit le bâtard de Nanton » est notamment seigneur de Nanton et
de Ruffey, où il résidait. Ses descendants furent également seigneurs de Cruzilles, d'Allerey, de Sermaisey, de Nobles, de Pizay, d'Estours, etc. Certains occupèrent d'importantes
fonctions : archevêque de Vienne, évêque de Paris, chanoine-comte de Lyon. Guillaume de Nanton, seigneur de Nanton et Ruffey, était échanson du duc de Nevers, le futur duc de Bourgogne
Jean-sans-peur.
Au XIVe siècle, le fief fut partagé entre les enfants de Jehan de Nanton. Ses fils héritèrent de la seigneurie sur le village et sur ses principales terres. Sa fille avait été dotée de l'ancien château en 1340, lors de son mariage avec Guillaume de La Guiche. Leurs descendants le conservèrent jusqu'en 1663, date de sa vente à Charles de Naturel. Les Naturel le garderont jusqu'à la Révolution, et ses derniers vestiges furent vendus comme bien national.
Depuis la révolution
La commune a été formée par la réunion des cinq villages qui composaient la paroisse. Nanton est devenu son chef-lieu (« le bourg »), Sully, Chalot, Vincelles, Servelles, auxquels a été joint celui de Corlay, de l'ancienne paroisse de Saint-Germain-des-Buis mais depuis un bon siècle déjà lié à Nanton. Cinq écarts et bâtiments isolés sont restés attachés à leur plus proche village : La Guiche et le moulin d'Étourneau à Nanton, Loyse à Servelles, le moulin du Breuil (moulin Bourroux) à Vincelles, et la ferme isolée de Mounot à Corlay.
En 1790, elle a fait partie de l'éphémère canton d'Étrigny ; lors de la refonte administrative de l'An IV (1796), elle intégra celui de Sennecey-le-Grand.
Rien n'a particulièrement marqué l'histoire de Nanton au XIXe et au début du XXe siècle. Comme toutes les communes rurales de la région, elle a vu sa population diminuer avec l'exode des campagnes vers les villes, avec les grandes mutations économiques... puis se consolider depuis quelques années grâce à l'attrait de son environnement.
À côté de cette empreinte essentiellement agricole, l'exploitation de carrières a fortement marqué le paysage de Nanton. D'abord destinées au seul usage local, celles de Vincelles, Chalot, Nanton et Sully développèrent, dès le XIXe siècle une importante activité commerciale. Les carrières de Vincelles ont produit un grès de pavement diffusé dans les villes voisines et jusqu'à Lyon et Dijon ; celles de Nanton ont été exploitées, pour leur beau calcaire rose, jusque dans les années 1970.
La dernière guerre mondiale et la Résistance
En zone libre depuis la défaite de 1940 (la ligne de démarcation passait notamment à Chalon et à Buxy), Nanton a été occupée après l'invasion totale qui a fait suite au débarquement des alliés en Afrique du Nord le 8 novembre 1942.
La même année, les maquisards Francs-Tireurs et Partisans, les FTP du maquis de Brancionavaient entrepris de nombreuses actions de sabotage.
À partir du débarquement de Normandie, le 6 juin 1944, la Résistance locale eut pour objectif précis de préparer et d'accompagner le mouvement vers le nord et l’est des troupes alliées.
Dans ce contexte, le maquis de Corlaya été constitué le 10 juin par le Groupe Thibert des ForcesFrançaises de l'Intérieur, les FFI. Le site de Corlay leur offrait un meilleur refuge et des facilités d'action supérieures à celles qu'ils avaient précédemment trouvées dans la forêt de La Ferté et dans les villages de la vallée de la Grosne. Dès le 7 juillet, le commandement en fut confié, sous le nom de code de Commandant Goujon à André Jarrot (Compagnon de la Libération, il devint notamment député de Saône et Loire en 1958 et fut de 1974 à 1976 Ministre de la Qualité de la Vie du gouvernement Chirac). Des parachutistes britanniques et français du Spécial Air Service, le SAS, assuraient l'instruction militaire des jeunes recrues.
Fin août 1944, le maquis reçut le renfort du détachement SAS sur jeeps de Guy de Combaud ; ce commando venait de Normandie et devait faire la jonction avec les troupes débarquées en Provence. Avant que ces dernières aient pu arriver, c'est de Corlay que fut lancée le matin du 4 septembre 1944 la bataille de Sennecey-le-Grand. La ville fut libérée au prix de lourdes pertes.
Le maquis de Corlay a compté jusqu'à 525 hommes, dont 49 sont morts au combat ou en déportation.
Les lieux de mémoire de cet épisode marquant de notre histoire sont : à Sennecey, le « Mur de la Résistance », un musée, et le monument de Ruffey dédié aux commandos du SAS - à Laives, où 16 habitants ont été tués par l'occupant lors de sa retraite, le « Monument aux Fusillés » - et à Nanton, le monument aux morts, le carré militaire du cimetière ainsi que de façon emblématique la chapelle de Corlay.
Texte écrit par la section "culture et patrimoine" de l'Amicale des Nantonnais