L'architecture et les aménagements successifs dont nos villages portent la trace sont autant de témoignages de l'histoire des activités économiques et des façons de « vivre ensemble » de ses habitants. À Nanton, les maisons sont à l'image d'une économie rurale traditionnelle, qui associait à l'agriculture vivrière un peu d'élevage et une production viticole parfois importante.
Les plus anciens corps d’habitations sont à trois niveaux : en bas, la cave pour le vin et les récoltes, à l’étage l’habitation avec son escalier extérieur en pierre et son balcon, et au-dessus, le grenier pour y conserver le grain. Les bâtiments d’exploitation, accolés aux parties habitées, concentraient souvent : en bas une écurie (en fait l’étable), un fenil au-dessus, et une grange servant selon les saisons de complément de fenil, d’aire de battage, de cuvage et de lieu le stockage temporaire des céréales moissonnées. Elles sont accompagnées de plus petites constructions : des soues ou « choues » pour les porcs, des poulaillers, des fours à pains, des séchoirs, Les plus vastes comportent un pigeonnier, et on entre dans leurs cours par un porche voûté en pein cintre.
Des maisons plus petites, souvent imbriquées et sans cour ni terrain attenant, étaient celles d'employés agricoles, de petits artisans (tisserands, couturières, laveuses...), et surtout de carriers.
Il reste dans la commune quelques exemples de couverture en « laves » (dalles délitées de pierres plates), dont le poids nécessitait la construction de murs épais et d'imposantes charpentes. Elles ont été progressivement remplacées par des tuiles. On trouve aussi quelques bâtiments à toits de faible pente couverts en tuile rondes, les plus septentrionales avancées des couvertures de type méridional en Chalonnais, qui se généralisent à partir de Tournus et en Mâconnais.
Durant le XIXe et jusqu'à la guerre 39-45, la commune a développé de nombreux équipements à usage collectif : pas moins de huit lavoirs, des fontaines, des abreuvoirs...
au bourg de Nanton
Une place centrale a été constituée dans le bourg, réunissant dans un même espace, autour de la mairie, tous les services publics habituels : lavoir couvert, bâtiments d'école, bureau de poste, foyer rural comportant un théâtre et des douches... Cet ensemble était complété par une bascule publique et un garage pour les pompiers (et pour le corbillard !).
L'église paroissiale n'est pas au centre du village, mais dans l'écart de La Guiche, à l'emplacement de l'ancien château médiéval. Elle a été profondément remaniée en 1822 : le chœur gothiquea été conservé, mais l'ancien clocher du premier édifice romana été supprimé et remplacé par un grand clocher d'avant nef.
Le bâtiment où se situait la cure, partie tardive du site castral, est accompagnée d'un beau four et d'un très intéressant cuvage datant des débuts du XVIIIe siècle et pourvu d'une grande cave voûtée, en bordure d'un vestige des douves.
Autre bâtiment particulier, une grande ferme, qui appartenait avant la révolution à une riche famille chalonnaise, a été transformée en petit château par l'adjonction de deux tours et de nouvelles ouvertures en façade. L'ensemble est très représentatif des constructions de cette type au début du XIXe siècle.
à Sully
La petite chapelle rurale, sous le vocable de Notre-Dame de Pitié, a été construite en 1736 par une riche famille du village, en remerciement de la guérison de leur enfant. En 1869, les prières d'un paralytique y furent exaucées, et ses béquilles sont longtemps restées accrochées en ex-voto. Elle a été restaurée en 1995 par les « Amis de l'église ».
Sur la place du haut de Sully, la « croix Saint-Nicolas » mérite une attention particulière. Peut-être du XVIIe siècle, elle a été réinstallée sur son socle actuel en 1863.
Érigé en 1528, le calvaire du bas de Sully est le plus remarquable monument de la commune, et assurément l’un des plus beaux du département. Démonté puis caché par des habitants sous la Révolution, il fut réinstallé en 1803. Il est le seul monument historique classé de la commune, depuis 1927.
à Corlay
Sa chapelle a été édifiée en 1781-82 et placée sous le vocable du « Patriarche de La Thébaïde » (c'est-à-dire Antoine l'égyptien, Saint Antoine le Grand, bref... Saint Antoine). Antoine Barbier et son épouse Françoise Passerat en avaient pris l'initiative pour permettre aux habitants de Corlay d'assister à des offices dans leur village : depuis la désaffection de Saint-Germain des Buis et le transfert de la paroisse à Jugy, de l'autre côté de la colline, ils se sont trouvés rattachés de fait à celle de Nanton, guère plus proche. Très représentative d'une architecture locale de la fin du XVIIIe siècle et sans modification depuis sa construction, elle a été inscrite à l'Inventaire des monuments historiquesen 1942. Elle est devenue le lieu emblématique du souvenir de la résistance locale. Après des années d’interruption, la libération du canton le 4 septembre 1944 y est à nouveau commémorée depuis son soixante-dixième anniversaire.
à Chalot
Sa partie la plus ancienne, notamment ses imbrications de petites maisons à galeries, est particulièrement représentative de l'architecture rurale de notre région.
Il est très probable que le lavoir des Greuzots ait pris la place de l'ancienne fontaine d'une source « miraculeuse », car ses eaux étaient réputées guérir les maladies des yeux.
Le peintre académique Adolphe Déchenaud avait une maison à Chalot, à côté de laquelle il s'est fait construire une petite villa-atelier. Né au Dézaret (Saint-Ambreuil) en 1868 chez ses grands-parents maternels, il est décédé à Neuilly en 1926. Prix de Rome et membre de l'Institut, il s'est surtout fait remarquer pour ses portraits. Deux peintures ont eu pour modèle de vieux nantonnais, « les vendangeurs » et « les noces d'or ». Son mausolée est au cimetière de Nanton, où il avait souhaité être inhumé.
à Vincelles
La place de Vincelles réunit un grand abreuvoir (construit vers 1900), une fontaine avec son auge, un cadran solaire sur le pignon d'une maison (1791), et une belle croix datée de 1630. Cette dernière et son emmarchement se dressait à l'origine au centre de la place. Les échevins et les représentants de toutes les familles s'y assemblaient pour prendre les décisions concernant la vie communautaire de leur village.
à Servelles
Au moulin de Loyse, on peut voir quelques parties des bâtiments du XVIIe siècle. Ce moulin et les revenus qu'il procurait a depuis longtemps constitué un fief « de rapport ». À la révolution, il relevait du marquisat de Sennecey, dont le titulaire était Archambaud-Joseph de Talleyrand- Périgord, le frère du célèbre Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord (qui fut entre autres et successivement évêque d'Autun, député aux États-Généraux, président de l'Assemblée Nationale, ministre de Napoléon, ambassadeur, Prince de Bénévent, ministre sous la Restauration, président du Conseil, etc.). Rien d'étonnant que sur le « cadastre révolutionnaire » de Nanton, établi en 1792, on trouve à Vincelles et à Servelles de nombreuses terres appartenant au citoyen Talleyrand, alors que celles des autres ci-devantavaient été confisquées à la nation !
Texte écrit par la section "culture et patrimoine" de l'Amicale des Nantonnais